Tourte à la Guinness

Je sais pourquoi le printemps tarde à montrer le bout de son nez. Oui, c’est ma faute, ma très grande faute. Mea Culpa.

Je refusais de quitter l’hiver avant d’avoir pu réaliser l’un de mes fantasmes: une tourte à la bière. Un bon gros plat qui fleure bon le pub irlandais, les soirées au coin du feu quand dehors le froid est mordant. Un repas riche et réconfortant, qui remplit bien la bedaine, et console de la grisaille. Le plat qui fait comme un câlin de sa mamie: on trouve qu’elle en fait un peu trop parfois, mais purée, ce que c’est bon! C’est pas ce qu’il y a de plus économique (c’est à base de boeuf, et le boeuf, c’est cher, surtout si comme moi tu ne l’achètes que chez ton boucher après qu’il t’ait détaillé la biographie de la bête, de sa naissance à son abattage). Mais en même temps ce n’est pas non plus un truc que tu vas cuisiner tous les jours, à cause que c’est foutrement long, environ trois heures.

J’ai choisi ma recette dans ce merveilleux bouquin, que je vous recommande chaudement si vous aimez les très belles photos, mais un peu moins si vous aimez les recettes simples et précises. Les plats de Katie en jettent, mais les explications ne sont pas toujours super claires, et certaines recettes sont tout bonnement impossibles à réaliser dans une cuisine normale. De toute manière, je suis pas du genre très disciplinée, et je suis parfaitement incapable de suivre une recette à la lettre, il faut toujours que je rajoute mon grain de sel.

Pour cette recette, d’une simplicité enfantine, et conçue pour quatre personnes, tu auras besoin de mes deux meilleures copines:

– ma poêle en fer. Je suis l’heureuse propriétaire de celle-ci. Certes, à l’achat elles coutent autrement plus cher qu’une Téflouze. Certes, elles pèsent un âne mort, ce qui est fort peu pratique pour faire sauter les crêpes (en même temps elles sont pas faites pour ça), et elles nécessitent un entretien particulier pour qu’elles soient bien culottées, mais croyez moi, c’est un bonheur.

– ma cocotte en fonte. Indispensable. Obligatoire. Aucune dérogation autorisée, aucune. Une cuisine sans cocotte en fonte ne mérite même pas de s’appeller cuisine. Je t’entends d’ici me dire que c’est hors de prix. C’est vrai, neuf, ça coûte les yeux de la tête. Mais j’en ai deux: la première, c’est la vielle cocotte familiale que ma mère m’a cérémonieusement offert, moyennant un caprice ou je lui ai juré que j’arrêterais de respirer jusqu’à ce qu’elle me la laisse. La seconde, celle que j’ai utilisé pour ma tourte, je l’ai trouvée dans un vide grenier, pour la modique somme de 3 euros.

En plus de ces deux ladies, tu auras besoin des ingrédients suivants:

  • 600 g de paleron ou de boeuf a braiser. Demande à ton boucher de te le découper en petits morceaux, comme ça c’est fait.
  • 2 cuillerées à soupe de farine
  • 1 oignon
  • 3 belles gousses d’ail
  • 1 belle branche de céleri
  • 1 carotte
  • 1 canette de Guinness
  • 400g de tomates concassées
  • 3 cs de Worcester Sauce
  • 3 cs de sauce brune (j’ai utilisé du Maggi)
  • 37,5 cl de bouillon de boeuf (j’ai utilisé un bouillon cube, je sais c’est mal)
  • du thym et du romarin frais
  • 1 rouleau de pâte feuilletée
  • 1 jaune d’oeuf

Pour commencer, fais chauffer de l’huile d’olive dans ta poêle. Pendant ce temps, enrobe joyeusement tes morceaux de boeuf de farine. Ensuite, fais les dorer gentiment. Pendant qu’ils colorent, émince ton oignon et écrase tes gousses d’ail.

Quand ta viande est bien dorée, retire-la de ta poêle et reserve-la. Rajoute une rasade d’huile d’olive dans la poêle, et fais-y revenir l’ail et l’oignon quelques minutes. Tu as pile poil le temps de couper ta carotte et ton céleri en petits morceaux, avant de les lancer eux aussi dans la poêle. Laisse revenir tout ça tranquillement pendant cinq minutes.

Tu peux maintenant remettre la viande, la tomate, le bouillon, la Guinness (TOUTE la Guiness, je te vois, fallait y penser avant et prendre deux canettes), les sauces, les herbes. Tu peux rectifier l’assaisonnement si besoin, mais mollo sur le sel. Remue un peu en grattant le fond de la poêle. Porte à ébullition et laisse glouglouter à découvert pendant une heure. Je t’avais prévenu, c’est long. N’en profite pas pour aller faire tes courses: il faut que de temps en temps tu écumes le gras (la mousse) qui se forme à la surface. Ça va commencer à sentir rudement bon dans ta cuisine. Il est même possible que tes voisins affamés viennent gratter à ta porte.

Au bout d’une heure, la sauce a dû bien réduire, elle doit être épaisse et onctueuse. Tu peux alors faire préchauffer ton four. La recette originale préconise 180°, mais mon four n’a que deux positions: éteint ou ultra brûlant. A toi de t’adapter au tien.

Verse le contenu de ta poêle dans ta cocotte, et laisse refroidir un peu. Mon four étant très très long a se mettre en route, j’ai pu laisser mon plat refroidir une bonne vingtaine de minutes. Une fois qu’il est tiède, voire froid, badigeonne les rebords de la cocotte avec de l’eau. J’y suis allée avec les doigts. Recouvre le boeuf de la pâte feuilletée, en faisant attention de bien la coller hermétiquement sur les bords. Badigeonne la pâte avec du jaune d’œuf. Les gens civilisés font ça au pinceau, je fais ça avec les doigts.

La belle sans son chapeau

la belle sans son chapeau

La belle avec son chapeau

Enfourne le tout entre 30 et 45 minutes au four et … BON APPETIT

à la sortie du four

C’est un bonheur. Ça ressemble à une daube, mais avec un petit côté caramélisé. La viande est fondante, le plat est bien moins lourd que ce que j’aurais pu penser. Cependant, une petite salade verte en accompagnement suffit amplement.

Vivement l’hiver prochain…

8 réflexions sur “Tourte à la Guinness

  1. Recette des plus tentantes !

    J’ai une question : ne peut-on pas utiliser la cocotte pour mijoter le plat ? (Quand on n’a pas la poêle option âne mort)

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